Ainsi témoigne un proche de Jeanpop2:
J'étais dans l'appartement de Jeanpop2 avec ce dernier, mon amie et un troisième personnage, hors d'âge, et qui restait obstinément silencieux. Nous bûmes de nombreux verres de diverses couleurs. Bien entendu, Jeanpop2 nous fît profiter des disques de sa collection, avec lesquels il alimentait son phonographe qu'il maniait avec une ferveur tremblante et inquiétante. Soudain, comme sous l'emprise d'un démon, il se leva d'un bloc et se dirigea vers un placard qu'il ouvrit, non sans en violenter la porte. Il plongea le bras dans l'obscurité et en sortit un disque que je reconnus immédiatemment par sa pochette caractéristique : The Velvet Underground & Nico. Puis d'un geste parfaitement maîtrisé, il ouvrit la fenêtre et projeta l'album en poussant un grognement libérateur. Ivre de colère, il se tourna vers nous et dit :
"Ne dites rien, laissez-moi parler. Je sais que je viens de commettre un acte que le monde percevra comme un outrage, mais je vais vous prouver que j'ai raison, que le monde a tort, et parce qu'il a tort, que l'outrage lui brise la mâchoire.
Comprenez d'abord que ce disque que d'aucuns présentent comme un trésor enfoui recueille depuis 1967 la poussière des musées. C'est un disque classique, avec tout ce que le terme implique d'objectivité dénuée d'émotion, un disque classique comme ceux de The Doors, Led Zeppelin, ou Aerosmith. La plupart des bons disques de The Beatles et de The Rolling Stones sont moins renommés que celui-là. Enterrons ce lieu commun journalistique.
Enterrons également celui qui présente The Velvet Underground comme une fontaine à vocations. "Peu de gens ont acheté leur premier album mais chacun a fondé un groupe". Mensonge ! Les nombreux individus graisseux qui ont acheté ce disque à sa sortie sont ceux qui végétaient trois ans plus tard dans une ferme canadienne avant de se décider à revendre leurs disques pour acheter des meubles anciens.
Considérons également que ceux qui revendiquent si fort l'héritage de ce groupe sont des gens aussi surestimés et ennuyeux que Brian Eno, Galaxie 500 ou The Jesus and Mary Chain.
Certains individus à lunettes rectangulaires prétendront que ce groupe illumine l'art contemporain et en est illuminé en retour. Illusion. Mensonge ! Si la carrière de Tom Jones avait été lancée par Andy Warhol, on en aurait dit autant. On l'aurait placé à l'avant-garde du rock arty et ce gros bonhomme posséderait le même "halo de mystère" qu'on confère inexplicablement à Lou Reed. Non, pas de bouleversement artistique avec The Velvet Underground. Les prétentions picturales de ce groupe se révèlent vaines face aux explosions de couleurs saturées survenues partout sur terre un an avant la parution du terne album "à la banane" : en Angleterre avec The Eyes, en Hollande avec The Jay-Jays, en Australie avec The Easybeats, en Suède avec The Shakers, en Bolivie avec Los Dhag Dhag's...
Méfiez-vous également des individus mal rasés : ils compareront John Cale à Maldoror et parleront de Nico en termes de "beauté éthérée". Mensonges ! Risibles mensonges. John Cale est un altoiste coiffé au bol et doté d'un accent gallois hilarant. Nico réussi l'exploit d'être à la fois hommasse, froide, sèche, laide et Allemande. En plus, elle chante comme John Cale parle. Non, décidemment le romantisme noir est à chercher dans le cerveau orageux de Sean Bonniwell ou chez une poignée de groupes aux noms éloquents : The Lost Souls, The Specters, The Endd...
J'ai dit."
Aussitôt il nous mit cordialement à la porte, restant en tête à tête avec l'individu mystérieux. Nous rentrâmes sous la pluie entendant encore résonner la voix orageuse de notre ami. Le lendemain, je n'allai pas travailler.
Eugene Waffle supervisera l'artwork du prochain opus de Lou Reed
snoop 21/10/2012 00:05
françois 11/04/2011 23:11
nam limange 14/12/2004 14:53
M. Poire 13/12/2004 15:40
Michel Languille 12/12/2004 18:36